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Jour 18 d’une oscillation entre retrouvailles et rencontres

Jour 18 d’une oscillation entre retrouvailles et rencontres,
Rennes

Sur ma peau, j’ai collé quelques larmes d’un nourrisson bien peu matinal. Dans mon cœur, j’ai gravé les souvenirs de ces retrouvailles amicales pleines d’amour et, dans mes sacoches, j’ai glissé les sourires offerts par cette famille aux pieds nus.

Je dois l’avouer, j’aurais bien pris quelques BDs avec moi, mais la série Okko sera mon excuse pour revenir, encore et toujours, frapper à la porte de cet ancien amour.

C’est fou comme un cœur léger fait avancer plus vite.
C’est fou comme l’envie de revoir la ville de mes premières études m’a fait pédaler sans sueur ni maux de fesses.

Ce jour-là, j’ai longé la Vilaine sur quasiment 90 km. J’ai zigzagué d’une rive à l’autre, j’ai refusé de croire un panneau qui m’indiquait une route barrée (alors qu’un panneau, ça ment rarement) et j’ai savouré un café sous des parasols bleutés.
J’ai donné suffisamment de coups de pédales pour sentir le vent caresser mes joues, laisser le soleil cannelé ma peau et me donner envie de dévorer le monde.

J’ai suivi la Vilaine jusqu’à me faire alpaguer par un papi cycliste. D’habitude, j’aime bien me faire doubler par les pédaleurs. J’aime observer leurs muscles qui se tendent à chaque mouvement. J’aime deviner les tendons, les ligaments ou toutes ces choses que je ne connais pas. Oh, ce n’est pas du tout du fétichisme, loin de là. Il s’agit seulement d’une fascination pour les corps qui vont bien, pour les jambes qui portent leur humain sans vriller, pour ces muscles qui se cachent peut-être aussi derrière mes mollets enrobés. Pourtant, cette fois-ci, j’aurais préféré que le papi breton ne me double pas.
Ou alors qu’il me dépasse vite et loin.

Plutôt que de tracer le bitume jusqu’au levant, il s’est installé à côté de moi. Le vent nous a rejoints en pleine face et mes poumons ont voulu se faire la malle lorsqu’il a entamé la discussion. J’ai suivi son rythme sur une dizaine de kilomètres. Je l’ai écouté me parler de ces voyageurs qui n’y connaissent rien en bicyclette et qui pédalent avec les talons.
Au premier carrefour, j’ai prétexté une urgence GPS pour une rupture efficace. Je sais, ce n’est pas bien de mentir, mais là, il en allait de ma dignité. En ville, entre les bus et les voitures, je n’aurais pas réussi à faire la maline bien longtemps. Et puis, tous mes muscles me réclamaient à grandes menaces de crampes, une pause bien méritée

Certaines personnes ont la gentillesse qui déborde de leurs sourires.

Dès mon arrivée, Elle m’a accueillie comme si on se connaissait depuis toujours alors qu’on ne s’était vu qu’une fois, quelques jours, à l’autre bout du monde, il y a 6 ans. Ou plus.

J’ai juste eu le temps de mettre mes habits de randonneuse urbaine pour renfourcher Ernest-Modestine en direction de rencontres rennaises. Quel plaisir de faire la bise à des inconnus, de plonger des bouts de carottes dans un pot de houmous en commun et de partager un banc ! Quel plaisir d’oublier la peur, la fatigue et la solitude au milieu de ces inconnus aux rires francs !

Ce soir-là, j’ai réalisé à quel point la ville me manquait. Alors, le lendemain, j’ai arpenté les rues de Rennes.

J’y ai vécu il y a 10 ans et, si ma mémoire a effacé la plupart des pavés bretons, elle se souvenait des piques-niques au Thabor, des verres de blancs les jours de marché à l’Amaryllis, du théâtre d’impro au Haricot Rouge et de mon ancien appart. J’ai roulé d’un bout à l’autre de la ville sans but ni destination. J’ai éteint mon GPS et j’ai suivi la lumière, les sens uniques et les envies de me lover dans la douceur du soleil breton. J’ai passé la journée entre ici et là à sourire à certains souvenirs osés, à certaines rencontres improbables et à ces manifestations qui, elles aussi, longeaient la Vilaine.

Mon escapade rennaise n’a été que de courte durée. Parenthèse éphémère dans ce rapide voyage de la lenteur, je suis repartie en chargeant mes sacoches de l’envie de revenir encore et encore profiter de la beauté de Rennes.

Août 2021 : Toulouse → Bruxelles à vélo et en solo. Lors de ce voyage à vélo et en solo, j’ai écrit des lettres d’amour et de désamour. Réelles ou fictives, elles racontent ce voyage sous le prisme de l’amour, des rencontres, des doutes et de la séparation. Toutes les lettres sont à retrouver ici ou sur Instagram.

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