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Jour 20 d’un retour à la solitude

Jour 20 d’un retour à la solitude,
Saint Domineuc

Après ces jours de rencontres, ces après-midi de visites et ces soirées à partager bières et cacahuètes, j’ai eu besoin de retrouver ma solitude.

Après avoir senti l’eau de la douche ruisseler sur ma peau, écouté le frisson des draps caresser mes rêves et ouvert des dizaines de portes, j’ai eu envie de me lover dans mon chez moi de toile.
Seule.
En bivouac.

Quand tu me demandais, parfois, pourquoi je voyage, je te répondais, souvent, que j’aime les rencontres. J’aime les rencontres aussi belles qu’éphémères, j’aime changer mes plans pour suivre un groupe d’amis, j’aime écouter les conseils des locaux même si, bien souvent, je me fais avoir et tombe dans des traquenards distanciels.
Quand tu me demandais, parfois, pourquoi je refusais autant de sorties alors que j’aime passionnément faire la fête, je te répondais, souvent, que je n’avais pas envie de faire de rencontres.

Je crois que tu n’as jamais vraiment saisi la subtilité de mon introversion. Pour toi, être introverti, c’est se terrer sous son plaid, boire une tisane et plonger dans les mots de Richard Wright toute la nuit. Pour moi, c’est alterner la solitude et le partage.

J’aime rencontrer des inconnus. Quand je le décide.
J’aime me plonger dans ma bulle quand des humains gravitent autour de moi sans me prêter attention. Quand je le décide.
J’aime m’isoler sous le toit d’un lit superposé en auberge de jeunesse et ne pas connaître le nom de ceux qui partageront ma nuit. Quand je le décide.

Je rencontre les humains, comme je visite un pays. Un pas après l’autre, je souris, écoute et analyse le monde qui m’entoure.

Je rencontre les humains, comme je visite un pays. Un pas après l’autre, je souris, écoute et analyse le monde qui m’entoure.
J’aime et j’ai besoin d’un instant pour observer, comprendre les dynamiques et savoir quel sourire arborer.
Adepte du silence, j’aime et j’ai besoin de me retrouver seule.

Après une semaine avec Lui, après Redon et après Rennes, j’avais besoin de cartographier les sons et les odeurs de ces rencontres. J’avais besoin de me retrouver avec moi-même, le temps d’un voyage.

Le long du canal d’Ille et Rance, j’ai souri aux souvenirs que je venais de graver en mon cœur. J’ai pédalé en remerciant celles et ceux qui m’avaient ouvert les portes de leur foyer, de leur jardin, de leurs sourires et de leur famille. J’ai avancé en emballant mon petit cœur vagabond dans la chaleur reçue dès mes premiers kilomètres sous la pluie bretonne.

J’aurais dû prendre la direction de Laval pour les revoir. Au dernier moment j’ai décidé de filer vers le nord pour revoir Saint-Malo.

Je ne sais plus si j’y suis allée seule ou avec toi. Je ne sais plus si j’y ai bu de cidre, mangé des crêpes ou si j’ai juste regardé la mer s’en aller vers le large. Je sais juste que ce jour-là, j’ai eu envie de revoir la ville.
J’ai roulé et roulé dans la solitude jusqu’à une écluse. Je me suis installée au bord du chemin, entre une table de pique-nique et un buisson plein de mûres pas mûres et j’ai attendu la nuit. Plus le temps passe et plus je m’approprie l’espace public. Je dors là où il fait sommeil et transforme chaque espace plat en terrain à bâtir ma tente.

Août 2021 : Toulouse → Bruxelles à vélo et en solo. Lors de ce voyage à vélo et en solo, j’ai écrit des lettres d’amour et de désamour. Réelles ou fictives, elles racontent ce voyage sous le prisme de l’amour, des rencontres, des doutes et de la séparation. Toutes les lettres sont à retrouver ici ou sur Instagram.

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