Jour 10 d’une rupture annoncée,
La Rochelle
Au début, il y a eu la peur.
La peur du silence qui gêne, la peur de voir sortir de l’écran quelqu’un que je ne connaissais que trop peu, la peur de mon introversion et celle de ma lenteur.
Si tu étais là, tu sourirais sûrement en me disant une, c’est cette peur qui m’a fait arriver en retard au lieu de rendez-vous et qui a fait fuir mon regard pendant des heures.
Puis, avec son humour noir, ses pics acérés et ses lèvres qui ondulent comme la mer lorsqu’il sourit, il a su transformer la peur en évidence.
Ce n’est pas ce que tu crois. Avec Lui, on n’avait échangé que quelques fois sur Internet. Des messages musicaux, des photos de chefs-d’œuvres culinaires et quelques informations sur nos rêves d’ailleurs. Rien de plus.
Pourtant, quelques coups de pédales ont suffi à dessiner l’évidence de cette rencontre surprise. Quelques blagues douteuses ont suffi à dicter le rythme de notre voyage.
Comme si on avait toujours vadrouillé ensemble, on a su se connaître, se découvrir, s’apprécier.
Comme si on avait toujours vécu sur un vélo, on a su pédaler ensemble et séparément. Sans que j’ai eu à l’expliquer, il a compris ma curiosité de l’autre. Côte à côte, j’inondais de questions, souvent sorties de nulle part. Sans avoir à feindre celle que je ne suis pas, il a accéléré pour me laisser le noyer dans la musique solitaire. Seule, derrière Lui, je n’avais plus peur de ma lenteur. Je savais qu’il m’attendait, là-haut, plus loin, ailleurs.
Comme si nos soupirs et nos rêves avaient grandi ensemble, on a su créer l‘itinéraire d’une semaine inoubliable.
D’une étape à l’autre, on s’est suivi sans se poser de question.
D’un virage à l’autre, j’ai découvert son rire, sa colère et son histoire.
D’une pause à l’autre, il a découvert ma curiosité, ma frustration à ne pas savoir cacher mes faiblesses et mes souvenirs.
De Saint-Brice à La Rochelle, on a été nous-mêmes, sans masque, ni crainte ni faux-semblants.
D’un sourire à l’autre, on s’est mis à nu, avec nos qualités, nos défauts, nos rêves et les emmerdes qui nous collent à la peau.
Entre mots et silences partagés, on a tourné à droite, on a suivi des GPS perdus, on a fait demi-tour et on a tracé la route vers ces quelques jours de bonheur absolu.
Comme tu peux t’en douter, de cette évidence est née la faim. De Lui.
Août 2021 : Toulouse → Bruxelles à vélo et en solo. Lors de ce voyage à vélo et en solo, j’ai écrit des lettres d’amour et de désamour. Réelles ou fictives, elles racontent ce voyage sous le prisme de l’amour, des rencontres, des doutes et de la séparation. Toutes les lettres sont à retrouver ici ou sur Instagram.