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Jour 11 d’une cyclo-aventure improvisée

Jour 11 d’une cyclo-aventure improvisée,
Belle-Croix

Ça y est, il est parti.

Tu sais, je ne sais pas gérer les départs. Enfin, ceux des autres. Je n’ai jamais su et je ne sais pas si j’ai envie d’apprendre. Je suis sûrement trop égoïste pour ce genre de leçon.
Normalement, c’est moi qui pars. Je suis celle à qui l’on dit au revoir sur le quai d’une gare, derrière un portique d’aéroport ou par lettres interposées, lorsque je n’ai pas le courage de fermer la porte à clef.

Hier, c’est lui que j’ai déposé sur le quai de la gare.
Hier, c’est moi qui ai tourné une dernière fois la tête pour voir son dos s’éloigner.

Le premier jour de mon voyage, j’ai pédalé plus de 60 km. J’avais envie de dévorer l’asphalte, mettre de la distance entre nous et ne plus jamais me retourner.

Après l’avoir laissé sous les hauts parleurs de la SNCF, je n’ai pédalé que 9 km.
J’avais envie d’arriver au plus vite au camping. Alors, en sentant la force de ses mains sur mes cuisses,  en caressant ses épaules hulkesques, j’ai pédalé à en perdre haleine.
Les souvenirs dissipés, j’ai eu envie de ne jamais arriver à ce camping. Alors, en écoutant son rire, en voyant son vélo filer au loin, en le regardant du coin de l’œil, j’ai ralenti à en perdre l’équilibre.

C’est fou ce que la solitude est lourde lorsqu’elle se cache dans un rêve de retrouvailles.


Seule sur cette piste cyclable aussi belle qu’insipide, j’ai jonglé avec les souvenirs d’une semaine à deux.
Seule pour la suite de ce voyage solo, j’ai rythmé mes coups de pédales au son de ses blagues, aux envies de cafés partagés et à la douceur de l’insouciance des premières fois.
Seule dans cette solitude choisie et subie, je me suis demandée comment, Lui, cet inconnu de l’autre côté de l’écran, avait réussi à comprendre mes mots et mes silences jusqu’à faire de mon cyclo-rêve une envie de retrouvailles.

Ne t’inquiète pas, cette relation n’a ni nom, ni projet. Elle se dessinera, peut-être, au fil de retrouvailles montagneuses, de dégustations houblonnées et de rires aimantés.
Peut-être qu’elle disparaîtra derrière cet écran qui nous sépare une fois de plus.

Tout ce que je sais, c’est que ce soir, dans ce camping aux mille cyclistes, je fais de ma tente un ermitage de réconfort solitaire. Ce soir, dans ma tente trop petite, j’aurais aimé t’appeler pour te raconter la beauté du verbe « aimer » qui se décline à l’infini. Ce soir, dans ce voyage à vélo, je sais que seuls ces mots jetés à la va-vite sur une machine sauront taire, le temps d’un instant, les questions qui rythment mon cœur vagabond.

Août 2021 : Toulouse → Bruxelles à vélo et en solo. Lors de ce voyage à vélo et en solo, j’ai écrit des lettres d’amour et de désamour. Réelles ou fictives, elles racontent ce voyage sous le prisme de l’amour, des rencontres, des doutes et de la séparation. Toutes les lettres sont à retrouver ici ou sur Instagram.

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