Randonnées dans les Cévennes gardoises

À travers ma vie de cévenole par intermittence, je t’invite à découvrir les plus beaux paysages de mon Sud.
Trois idées de randonnées pour marcher sur les sentiers des Cévennes.

Les Cévennes et moi, l’histoire d’un « je t’aime moi non plus »

C’est un endroit qui ne ressemble ni à la Louisiane ni à l’Italie, pourtant ici aussi le temps dure longtemps. C’est un endroit où il y a déjà eu la guerre, c’était sûrement le destin.
Entre hameaux et villages, mas et mazelets, le linge sèche au chant du vent, les enfants grandissent à l’ombre des châtaigniers et les sangliers remplacent les chiens. Je ne vivrai jamais un million d’années estivales dans ce Sud, pourtant, c’est mon Sud.

Ce petit coin de paradis, toujours en été, ce sont les Cévennes. Blotties aux confins du Massif central, elles dessinent sur un ciel toujours bleu, des montagnes aux ombres azures. Les Cévennes, c’est un parc, un point sur une carte hexagonale et des souvenirs en pagailles. Stevenson les a parcouru avec Modestine, Caroline Vignal en a fait un film bien français et moi, je les emporte avec où le vent me mène.

Je suis née à des centaines de kilomètres des Cévennes. J’ai grandi à deux rues d’un aéroport qui m’a envolé d’un bout à l’autre du globe. Avec l’arrivée de l’adolescence, ma famille a changé le cap de ma vie. Nous sommes descendus jusqu’au bas de la carte pour respirer un air sans RER, sans centre commercial le mercredi et sans Paris. Du haut de mes 13 ans, je n’ai pas vraiment laissé leurs chances aux Cévennes. À peine arrivée dans le Sud, j’ai fait de ma vie un lent nomadisme. Pourtant, c’est ici, loin des glaciers patagons, des eaux caribéennes et du marché de Wazemmes, que je reviens aux sources, à ces sources que j’ai connues en pointillés.

Pendant longtemps, j’ai laissé la haine et l’amour pour ces montagnes bleues s’entrelacer en mon petit cœur vagabond. J’ai détesté le silence cévenol, les distances qui se comptent en épingles et la chaleur qui écrase les rêves d’été. Puis, j’ai (ré)appris à marcher et je suis tombée en amour pour les sentiers qui trébuchent, les crêtes qui étirent le regard de la Méditerranée aux monts d’Auvergne et les détours qui oscillent entre roches et cascades.

De retours en départs, je profite de mes pauses cévenoles pour (re)découvrir les virages où j’ai appris à conduire, les montagnes qui terrorisaient mes genoux malades et les villages où je n’ai fait que passer, le temps d’une fête votive. Comme une étrangère dans mon propre pays, je visite les suggestions de rando des Internets, prépare des pique-niques jamais assez copieux et m’extasie devant chaque reflet bleuté.

Trois sentiers de randonnée dans les Cévennes

L’arrivée de la carte « covid-19 » dans la donne de mes projets de vie, a chamboulé mes voyages. Entre crises d’angoisses, confinement volontaire et vol de rapatriement à prix exorbitant, j’ai fait le choix de rentrer me « ressourcer ». Pendant plusieurs mois, j’ai vécu au rythme des randonnées sudistes. Avec Elle, j’ai remarché au cœur d’un Cirque, avec Eux j’ai marché vers des cascades et seule, j’ai longé les balises d’un Homme Mort.

Le Cirque de Navacelles et les Moulins de la Foux

À chaque fois, c’est pareil. Quand quelqu’un vient me voir, je l’embarque pour une balade au Cirque de Navacelles. Ma routine de visite est toujours la même : je me gare au belvédère pour admirer la vue sur le cirque, j’explique, pas peu fière, qu’ici, on apprend à conduire sur cette route de lacets défaits puis souris en avançant que l’idée est de mettre les pieds dans la rivière la plus froide (et la plus belle) de l’univers cévenol, la Vis.

On longe la route, prend un sentier rocailleux et on papote, souvent gaiement. Le sentier n’a rien de bien compliqué. Il est plat sur plusieurs kilomètres puis, la descente arrive tout doucement. Après un passage au pied de la cascade, on défait les chaussures, perd quelques orteils dans la traversée de la Vis et on déballe les pélardons. Le retour se fait en longeant la rivière turquoise. Sous les arbres feuillus, on continue de papoter sans vraiment savoir d’où viennent tous ces mots que l’on a à s’offrir. Une fois la salive épuisée d’avoir trop parlé, on atteint les Moulins de la Foux. Des pierres posées les unes sur les autres jusqu’à former un moulin, une meule et des cascades au chant bruyant. Le silence ne tarde jamais à s’imposer. Seuls les onomatopées de beauté, de bonheur et de « j’aurais dû prendre plus de pélardons à midi » viennent rebondir contre les eaux fougueuses de Cévennes agricoles. La randonnée d’une douzaine de kilomètres se termine par une bonne petite côte, l’excuse parfaite pour rentrer à la maison et dévorer quelques gaufres pour le goûter.

Si tu as besoin d’informations plus précises que les miennes sur la randonnée, voici le pdf à consulter ou télécharger.

Les Cascades d’Orgon

La première fois que j’ai fait cette rando, j’étais ado et mes rotules dansaient la java sur des airs de tango (détruisant au passage tout mon cartilage). Il faisait beau, mes frères faisaient la course avec nos chiens et le soleil brillait. Il brillait fort, comme un soleil d’été. On a marché pendant des heures, on a suivi balisages et panneaux, mais on n’a jamais vu les cascades. En même temps, quelle idée de faire disparaître ses eaux quand vient l’été !

Les Cascades d’Orgon ont donc survécu à nos souvenirs comme une légende urbaine, comme des cascades sans eaux. Il nous aura fallu plus de 15 ans pour nous décider à retourner sur les pas de notre première défaite randonneuse.

À l’heure où les feuilles s’endorment dans des nuances d’or, nous prenons la route jusqu’au Cap de Côte. Alors que les montagnes bleues s’étirent à l’infini, nous entrons dans une forêt d’arbres orangés. Au loin, nous apercevons des cascades, nous entendons leurs chants et marchons sans aucune difficulté. Nous mouillons nos pieds dans des passages à guets trempés et rions comme des enfants heureux d’avoir marché dans la boue. Une côte interminable qui s’englouti en quelques minutes à peine nous ouvre le chemin vers les fameuses cascades. Aucun « wahou » n’arrive à exprimer notre joie de voir de l’eau dévaler les montagnes du Sud. Aucun « purée, c’est trop beau » ne parvient à cacher notre joie d’être là, tout simplement. Au retour, nous passons par l’un des plus beaux kilomètres des Cévennes : une rivière, un sol recouvert de feuilles mortes, des arbres aux couleurs d’automnes et une ancienne maison de berger. Tout y est pour me donner envie de devenir ermite le temps d’un récit.

Si tu as envie de découvrir les Cascades d’Orgon, tu peux suivre cet itinéraire. En été, il n’y a pas d’eau et en hiver, il y en a trop. Le mieux est d’y aller au printemps ou à l’automne.

Le col de l’Homme Mort et le lac des Pises

Des « Col de l’homme mort« , il y en a pléthore dans mes Cévennes. Celui-ci n’a rien d’exceptionnel si ce n’est le chemin qui y amène et celui qui en éloigne. Pour monter à une grosse flaque d’eau retenue par un barrage lac des Pises, je suis partie du village d’Aumessas. Des maisons de pierres, des arbres en fleurs et un sentier qui offre 900 m de dénivelé positif. À chaque pas, je fais une pause, sors l’appareil, ouvre grand les yeux et souris comme si je découvrais les montagnes bleues pour la première fois. À chaque pas, je me retourne, dévore les paysages et savoure le silence d’un printemps esseulé. Après 8 km de grimpette, j’arrive au lac des Pises. S’il n’a rien d’extraordinaire, le calme qui entoure les vallons environnants inonde mon petit cœur vagabond. Des couples se font des mamours, des amis partagent un thermos de café et moi, j’explose d’une joie silencieuse. Tout est beau. Même les herbes séchées par l’hiver, même le bleu du ciel trop lisse.

Pendant toute la rando, je laisse mes zygomatiques aller et venir vers les étoiles éblouies. Le sentier est à la fois rocailleux et mignon. Les blocs de granites recouverts de mousse, les forêts et les cascades transforment les paysages cévenols en décors oniriques. Pas après pas, je sens mon imagination voguer vers de nouvelles aventures et mes souvenirs vers le Portugal. Kilomètre après kilomètre, je me demande si Tim Burton n’a pas puisé son inspiration dans les rayons qui caressent la mousse. Alors que les genoux fatiguent, la randonnée offre un dernier cadeau, plus savoureux encore qu’un shot de fruits secs : une cascade baignée de lumière doré.

Le tracé GPS de cette magnifique rando est disponible ici.

Les Cévennes sont un immense terrain de jeu(x). Les adolescents y jouent aux découvertes de l’amour, les conducteurs font la course dans leurs voitures de rallye et moi, je joue à cache-cache avec les balises blanches et rouges. Pour te présenter ce petit coin de paradis bleu, j’aurais pu te raconter la randonnée du Col de l’Asclier ou celle du ranc des Banes qui se dessine sur ma fenêtre. J’aurais pu te raconter, encore une fois, les Gorges du Tarn ou te parler de la balade familiale de la vallée de la Buèges. En fait, j’aurais pu transformer cet article en catalogue de randos. J’aurais pu te conseiller un itinéraire par saison. J’aurais pu te dire qu’en automne on capture les châtaignes que l’on déguise ensuite en crème de marron. Puis, je t’aurais expliqué qu’avant que le climat ne change, la neige fermait les écoles et les voitures se remplissaient de luges et de raquettes pour aller glisser sous les pins. Enfin, je t’aurais dit qu’au printemps les montagnes se transforment en arc-en-ciel et qu’en été, la musique fait vibrer nos sentiers de randonnée.

Mais, plutôt que d’écrire mille et une déclarations d’amour à ces montagnes, j’ai préféré te raconter ô combien je les aime en espérant qu’un jour, toi aussi tu viennes savourer un morceau de pélardon, les pieds dans la Vis.

5 réflexions sur “Randonnées dans les Cévennes gardoises”

    1. Oh, tu es trop chou 🤍 Tu fais partie de mes paysages cévenols. Quand je passe devant les Castas ou à Blandas où l’on boit des verres d’eau avant de commander de la grenadine, je repense à tout cet amour que l’on s’offrait sans même s’en rendre compte. Les Cévennes sont et resteront un petit coin de paradis où l’adolescence a le goût d’une insouciance heureuse. Tu manques à ces terres du Sud 🤍

      1. C’est moi toit, mon nid, mes vallées et mes montagnes. Trois ans sans les voir! Je pense à ce que tu ressens et ce que tu écris , après le Chili, et « vivre »cette pandémie en famille dans ces belles Cévennes. Les randonnées que tu partages sont toutes aussi belles que nos souvenirs d’adolescence ♥️

  1. Héhé, je suis passé par le Moulin de la Foux et sa cascade il y a un mois. En peu déçu dans un premier temps par le sentier le long de la rivière. Ça n’est pas déplaisant, mais bon, c’est une rivière comme des centaines d’autres. Mais le moulin, c’est splendide. Et le retour une fois passé sur l’autre rive, la vue, whoua <3
    Voilà qu'il me reste donc deux autres randos à faire 🙂

    1. Si tu trouves que c’est une rivière lambda, ne te fatigue pas à aller voir les autres : celle de la Vis est la plus belle du coin 😅 Pour le Moulin,le lieu est vraiment chouette. Si tu reviens dans le coin, n’hésite pas à faire signe !

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