«Les souvenirs d’un homme constituent sa propre bibliothèque.»
(Aldous Huxley)
Cher lecteur,
Voilà bien longtemps que mes mots n’ont pas partagé quelques instants de vie avec toi et j’en suis navrée. Parfois, il est vrai, je te dépose quelques miettes de rêves sur ma page Facebook mais cela n’est rien en comparaison à un article de blog, un vrai de vrai avec photos, silences, coups de cœur et sourires à offrir. Alors, allongée dans un dortoir bolivien, je profite d’une pluie symphonique pour te demander pardon.
Cher lecteur, pardon
Pardon pour l’abandon. Pardon pour ne pas savoir comment font ces blogueurs professionnels ou amateurs pour trouver le temps de découvrir, se perdre, apprendre, rencontrer et écrire un article par semaine. Pardon pour préférer profiter de chaque seconde de voyage plutôt que de les dépenser assise face à smartphone, mon seul moyen de communication avec toute personne située à plus de deux coudées de moi. Pardon pour ne pas partager avec toi ces mots qui résonnent entre mon cœur et mes doigts fébriles…
Cher lecteur, je te demande pardon pour le manque de photos mais par faute de moyens je n’ai pas pu m’acheter d’appareil photo alors comment capturer cet arc-en-ciel sur fond de foudre ? Ces aveugles qui offrent prières ou pesée sur les bancs du cimetière. Ces églises aux Marie fans de metal et aux poupons roses fluos. Ces hauts-plateaux qui laissent défiler du vert, de l’ocre, des rochers, du marron, des virages et des bergers derrière les vitres brumeuses d’un bus local. Ces enfants qui travaillent dans la rue pour quelques pesos quotidiens. Cette poussière qui envahie les devantures de dizaines d’agences de tourisme. L’invasion des 4*4 dans le désert de sel. L’acide qui se répand sous terre pour faciliter l’extraction du cuivre. Les murs transformés en publicités géantes pour Coca-Cola dans un pays où l’eau n’est pas potable. La bouille ronde de ces marmots joueurs. Ces montagnes abruptes et noires d’invitation à la rando…
Comment figer sur écran ces souvenirs que mes yeux rêves de vivre encore et toujours lorsque la nuit enveloppe nos sourires fatigués?
Cher lecteur, j’ai peur
Tu sais, je dois bien t’avouer que ne pas avoir pu m’acheter d’appareil photo m’embête. Oh, pas seulement parce que je ne peux partager avec toi ma traversée du continent américain, mais surtout parce que lorsque je laisse mes yeux divaguer au gré des bruits et des odeurs, j’ai peur d’oublier…
Oublier ces bus où a été peint un Saint Michel à forte poitrine et mini-short. Ces dunes de sables qui nous accompagnent jusqu’à une mer turquoise. Ces vigognes, guanacos, alpagas et lamas qui vivotent sur le bord des routes. Ces glaciers que mes futurs neveux ne connaîtront peut-être jamais. Ces sacs plastique qui jonchent des paradis terrestres tel un rappel à la stupidité humaine. Ces flamands roses qui, tous les matins, sont dérangés par des hordes de touristes hurleurs. Ces chauffeurs qui m’auront accompagné pendant plus de 5000 km déjà. Ces voitures qui roulent tant bien que mal. Ces conversation inédites ou répétitives…
Sans appareil photos, sans prendre le temps de noter chaque sourire, chaque seconde passée le pouce tendu vers l’infini j’ai peur, peur d’oublier, peur d’oublier ma traversée du continent américain en stop et sac à dos…
Cher lecteur, à bientôt
Cher lecteur, la pluie vient de s’envoler, emportant avec elle les derniers mots de cette lettre.
Sur un air de mea culpa je voulais t’expliquer mon silence, mon absence. J’espère que tu comprendras que malgré ce manque de bloguisme je pense souvent à toi et que je rêve de pouvoir t’inviter à t’asseoir sous un arbre pour te raconter toute cette aventure humaine et voyageresque que je vis sur les routes des Amériques.
Cher lecteur, allongée dans ce dortoir bolivien je te promets d’essayer d’éradiquer mon égoisme et de faire taire ce silence qui m’a si longtemps éloigné de toi.
Absente-toi encore, tant que tu reviens de temps en temps avec de si jolis articles 🙂 Profite de chaque minute, de chaque seconde de voyage… et moi je rêve déjà à mon prochain voyage sud-américain.
Oh, merci beaucoup pour ce commentaire! Ces temps-ci je profite de chaque seconde de travail pour découvrir les conditions laborales en Bolivie et ce n’est pas joyeux!
Tu sais déjà où partir?
Si tu as des questions sur le Chili, surtout n’hésite pas: j’adore parler de ce pays!
Oui c’est en partie calé, ce sera pour début 2019… Croisière de 3 semaines en Antarctique / Géorgie du Sud et Malouines, et puis j’espère au moins un mois en Patagonie. On voudrait retourner camper dans le parc national de la Terre de Feu, et pousser jusqu’à Puerto Williams (que nous ne connaissons pas), avant de remonter le long de la carretera australe. 🙂
Super projet!
Je vous conseille vivement d’aller à Puerto Williams: on pensait y rester 2 jours et on y a campé plus de 10! Notre seul regret sur place, ne pas avoir pu faire le trek des Dientes de Navarino faute d’équipement. Après notre séjour très austral nous avons été un peu deçu par Ushuaia.
La Carretera Austral… Rien que le nom me fait rêver: pour l’instant c’est mon gros coup de coeur d’Amérique du Sud!!
Où avez-vous campé à Puerto Williams ? On a repéré le trek des Dientes de Navarino, mais on comptait louer le matériel sur place… penses-tu qu’il soit nécessaire de prendre son propre matériel, ou bien on peut trouver des tentes et sacs de couchage à louer ?
Oui nous avons campé dans le parc Ukika. Le camping y est gratuit, il y a un quincho, chaque espace a son banc, sa table et son barbecue. Le seul hic c’est qu’il n’y a pas de sanitaires.
Pour la location il y a des agences qui louent du matos mais je ne sais pas si c’est réservé aux clients qui font le trek avec un guide.
La ville est toute petite donc vous trouverez les agences facilement et si vous ne faites pas le trek pas de soucis: il y a d’autres balades accessibles (et magnifiques!)
Super, merci pour ces infos ! Bises
super réflexion, hâte de lire la suite
Merci Justine. Vu mon expérience en Bolivie je pense que d’autres textes ne vont pas tarder à arriver!
Profite profite ! Et ne t’excuse pas. Ce voyage c’est pour toi que tu le fais !
Merci pour ton commentaire ! J’en profite aussi pour te féliciter pour ton bouquin ! J’attendrai mon prochain passage en France pour le tenir entre mes mains.