Mon non retour

J’ai l’impression que cela fait au moins une éternité que je ne me suis pas posée devant mon ordi pour vous envoyer un message collectif … un million d’années que je ne vous ai pas raconté à quel point je suis bien au Chili … un millier de soirées que je ne sais pas ce que chacun de vous devient … Du coup, je profite d’une pause volée pour écrire quelques mots et annoncer à tous ceux qui ne l’auront pas encore remarqué : le 31 octobre dernier je ne suis pas montée dans l’avion qui devait me conduire à Lille (ou je ne sais où d’ailleurs).Et oui, je vous écris du Chili, de Puerto Montt, cette ville grise et pluvieuse que je critiquais dans mes premiers textes. Je vous écris de mon bureau du café-restaurant pour lequel j’ai signé un contrat qui n’indique aucune heure maximum de travail hebdomadaire. Je vous écris de mes chaussures à talons, de mon pantalon à coupe droite et de cette chemise qui me fait ressembler à un clown fatigué et désespéré de devoir travailler autant pour un salaire de misère …

Vous devez sûrement vous demander pourquoi je suis restée au fin fond du Chili, entre le Pacifique et les Andes glaciales ? Pourquoi j’accepte de bosser 15 jours de suite sans journée de repos pour gagner moins de 500 euros par mois ? Pourquoi je passe des heures et des heures au boulot à me tourner les pouces jusqu’à 21h30 ? Pourquoi je ne suis pas rentrée en France alors que je suis en manque de fromage ? Pourquoi je reste dans une ville où il n’y a aucune terrasse où se poser boire un verre après une journée de travail ? Pourquoi j’ai décidé de vivre dans un pays qui a un fonctionnement économique et politique contraire à tous mes idéaux ?

Eh bien, la réponse est simple : parce que lorsque je me balade en bord de mer je peux voir des lions de mer, des dauphins australs et des pingouins … parce que lorsqu’il fait beau les neiges des Andes brillent sur le Pacifique … parce que l’idée de ne pas aller jusqu’au bout de certaines relations et l’idée de partir en ayant à peine eu le temps de frôler la personnalité de certains Chiliens me paraissait vraiment absurde et douloureusement inutile … parce qu’une fois au Chili on a envie d’y rester et de prendre le temps de découvrir ses 4000 km de côtes … parce qu’ici je ne repars pas de l’aérodrome sans avoir fait un tour du coucou au dessus du lac … parce que j’avais besoin de me poser quelques mois, avant de voyager

Je ne sais pas combien de temps je pourrais tenir dans des conditions de travail à des années lumières de celles qu’ont les employés français, je ne sais pas combien de temps je supporterais vivre dans ce pays ultra-libéral où l’activité principale des ados est d’aller au centre commercial du matin jusqu’au soir, je sais encore moins combien de temps mais sentiments me motiveront à découvrir une nouvelle culture, une nouvelle vie et un nouvel amour donc je ne sais pas quand je reviendrai en Europe et encore moins en France.

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