Aujourd’hui je fête mes 31 ans. 31 ans à tourner autour du monde. 31 ans à tourner sur ce monde qui virevolte encore et toujours. 31 ans de danse universelle et plus de la moitié à voyager, à vivre ici et là, à faire du monde mon terrain de jeu favori.
Aujourd’hui je fête une année de plus sur Terre, une année de plus de voyages, une année de plus de rencontres et de découvertes.
Je pensais écrire cet article sous ma tente, à la lueur de la brume matinale. Je pensais poster une photo de moi, couverte jusqu’au crâne pour lutter contre l’humidité printanière. Mais non. Je vous écris depuis le lit du bas d’un dortoir de 10.
Comme à son habitude le voyage a changé mes plans. Après une semaine sur les routes de l’Est, voici ma première note hebdomadaire.
D’une montagne à une autre : 24 Km
Après une semaine à arpenter les vignes, monts et neiges des Dolomites, me voici arrivée en Slovénie. Le soleil brille, les montagne verdoie et je suis tellement émerveillée par les couleurs qui illuminent mes mirettes que j’en oublierais presque que je loge à 11 Km de mon point de départ. Tout est si beau, si calme que j’enfonce mon stress d’avant-départ dans une douceur infinie.
Mais, les histoires d’amour finissent mal. En général. Même celle d’une Française et d’un petit coin de paradis slovène.
Le déluge s’abat sur mon pan de montagne. La visibilité est réduite à néant. Ma motivation à marcher vers l’Est, elle, n’ose même pas sortir du lit.
Tant pis. Je partirai quand le soleil daignera sécher les nuages.
Tant mieux. Grâce à ce décalage horaire imprévu je vois un gwen-ha-du se balader sur un sac à dos.
Sans vraiment savoir où se cache ma timidité à se moment là, je lui parle. Il est Français, a marché dans les montagnes italiennes et va rejoindre Tolmin en bus. Moi c’est à pieds que j’y vais.
Un sourire, un dépliage de carte et le voilà qui décide de m’accompagner un bout de route.
Est-ce que je lui dis que je ne suis pas sportive ? Que chaque jour j’habille mes genoux de genouillères ? Qu’il y a quelques années encore je ne faisais pas du tout de sport et que je suis souvent mal à l’aise à l’idée de marcher avec des inconnus ?
Trop tard. Avant même d’avoir pu parler nous voilà sur le sentier européen E7. Je suis son rythme. Une heure. Puis la fatigue s’empare de mon corps. Les 11 kilomètres du matin pèsent sur mes jambes. Dès les premiers virages en épingles la lenteur de mes pas prend le dessus. Je ralenti. A chaque brin d’herbe je rêve de planter ma tente. Mais je continue.
Mon acolyte inconnu m’attend. Il sait exactement où il veut arriver pour passer la nuit. Alors je le suis. Alors on y arrive.
De Krn à Tolmin : 12 Km et des des courbatures
Le réveil est frais, humide, tôt. Très tôt.
Les nuages nous accompagnent pour cette deuxième journée de marche. D’après mon compagnon breton il n’y a qu’une petite côte puis c’est de la descente directe jusqu’à Tolmin. Ce qu’il avait oublié de préciser c’est qu’on prendrait des chemins de biquettes pour monter jusqu’à la cime des nuages ! Et puis, on est descendu. Encore et encore. Encore et toujours.
Sur le chemin de la ville il me parlait de Bohjn, de Bled et du soleil. Il me parlait de la suite de son voyage, en solo.
Sur la route de la ville je l’écoutait et je me laissais convaincre : nous continuerons à tracer les chemins de l’Est ensemble. Au moins encore quelques jours.
Des lacs et de la ville : des kilomètres jusqu’aux mollets
Malgré toute la technologie du monde notre arrivée au lac de Bohjn se fait dans l’attente, la marche et le doute. Les jours fériés se succédant inlassablement en Slovénie nous nous perdons dans les horaires de bus, de train et d’arrivée. Qu’importe ! Nous sommes là, heureux dans cette solitude partagée, heureux au milieu de ces nuages qui ne demandent qu’à disparaître.
Le lac de Bohjn s’étale face à nous. Entouré de monts endormis il nous accueille les eaux scintillantes. Le sourire allégé de nos sacs toujours trop lourds nous traçons les chemins de notre journée heureuse. De forêt en plage privée nous laissons la joie exploser dans nos pieds vagabonds. L’envie de se baigner est là, le courage un peu moins. L’envie d’étirer le temps jusqu’à l’infini, elle, devient une réalité rêvée.
Le bonheur d’une pause ensoleillée nous accompagne jusqu’à Bled. Le pouce au vent nous arrivons dans cette petite ville que nous quitterons rapidement. Trop de monde. Trop de perfection. Trop de photos vues et revues sur Instagram.
Amoureux des espaces verts nous nous échappons discrètement de ce paradis pour réseaux sociaux pour rejoindre la douce Ljubljana. Pendant deux jours nous avons battus le pavé, nous avons arpenté les ruelles humides et gravi les parcs ombragés et fêtés nos rires naissants.
Pendant deux jours nous avons été touristes parmi les touristes, curieux parmi les voyageurs, marcheurs parmi les citadins. Pendant deux jours nous avons vécu dans une bulle de découvertes, de visites et de souvenirs partagés. Pendant deux jours deux inconnus ont dit « à bientôt » à leur amitié voyageuse.
Si tu as des questions à me poser sur mon projet « Cap à l’Est » ou la Slovénie, laisse un commentaire !