« Salgamos a correr, busquemos el ayer que nos hizo feliz, Puerto Montt »
(chanson « Puerto Montt », Los Iracundos)
C’est l’histoire d’un bout du monde qui voit passer en coup de vent des touristes trop pressés de voir du « beau ». Un bout du monde détesté par les guides touristiques qui ne voient en lui qu’un « petit port sans charme ». Un bout du monde, porte d’entrée des mille et une merveilles de la Patagonie, porte de sortie d’une ville trop peu touristique, trop oubliée.
Ce bout du monde, c’est Puerto Montt. Kilomètre 0 de la célèbre Carretera Austral.
À Puerto Montt, on y passe sans poser son sac à terre.
On y arrive aussi vite qu’on en part.
Entre deux bus, on jette un coup d’œil entre les gouttes de pluie sans vraiment regarder passer au loin les manchots venus du sud.
Pourtant, Puerto Montt a tout un monde à offrir à qui sait prendre le temps de s’émerveiller de petits riens.
Cette histoire du bout du monde, c’est mon histoire. Celle d’une étudiante arrivée là un peu par hasard, sans guide touristique ni souvenirs d’un Instragram trop parfait. Cette histoire, c’est celle d’un petit port sans charme qui a su attraper mon cœur et mon sac à dos pour transformer un stage de 6 mois en une série d’expatriations et d’aventures plus riches les unes que les autres.
Puerto Montt : un petit port sans charme
Je suis arrivée à Puerto Montt un mois de mars ensoleillé. Quelques jours après mon arrivée, les premières trombes d’eau ont commencé à couler sur la ville. D’un sourire compatissant, les locaux m’ont prévenue : c’est le début de la fin.
D’après leurs dires, le soleil ne réapparaîtrait qu’en octobre, pour le printemps. Alors, perdue dans les 5 rues du centre-ville, je me suis demandée ce que je faisais là. Parce que je dois être honnête : mon histoire avec Puerto Montt n’a pas vraiment commencé par un coup de foudre.
D’ailleurs, c’est pour ça que je vous comprends, voyageurs de quelques semaines qui hésitent à sortir de la gare routière ne serait ce que pour quelques heures.
En mars, en août ou en décembre, Puerto Montt n’a pas grand-chose d’instagramable : les tours des centres commerciaux poussent comme des champignons le long du bord de mer, les nuages bas caressent les casquettes inutiles, la place des amoureux abrite la statue la plus moche du Chili et la place d’armes passe inaperçue même aux yeux des voyageurs les plus aguerris.
Quel que soit le mois, la température de la pluie ou votre humeur, Puerto Montt reste une ville industrielle où s’entassent bureaux et entreprises d’aquaculture.
Puerto Montt : une ville de surprises
Pourtant, en mars, en août ou en décembre, Puerto Montt est une ville riche de surprises.
Bâtie sur quatre terrasses, la ville s’élève au-dessus de l’estuaire du Reloncavi. Face à la gare routière, le paysage invite à l’émerveillement : l’île de Tenglo sur la droite, les Andes sur la gauche et l’infini du Pacifique vers le sud.
Pour découvrir Puerto Montt plusieurs routes s’offrent au voyageur.
À droite, Angelmó. Le marché artisanal n’est qu’à une dizaine de minutes à pied du terminal. Dans les maisons de bois typique du quartier de pêcheurs s’étalent des ponchos de laines, des bijoux en cuir de saumon et des statuettes d’Indiens bandants (le fameux « Indio pícaro« ). Sur la place du marché, les cantinières alpaguent le visiteur qui, selon elles, a toujours un petit creux pour une spécialité locale. Les samedis de printemps, l’asphalte se rempli de fleurs, de poisson frais, de viandes venu des îles voisines. L’arc-en-ciel des produits locaux souri aux gourmands de passage. Plus loin, là où les pêcheurs rendent à la mer les déchets naturels, des lions de mer bronzent, jouent, s’aiment et semblent parfois rire ensemble. À quelques pas des êtres humains, à quelques coups d’ailes des pélicans vivent ces énormes créatures pacifiques.
De l’autre côté de la gare routière commence la Carretera Austral. Une promenade et piste cyclable ont été aménagés pour guider les pas des passants vers les plages de Pelluco et Pelluhuin. Face aux Andes, les pieds ralentissent le temps pour profiter de chaque seconde partagée avec les manchots, les lions de mer ou les dauphins austraux qui nous suivent sans même le savoir. Arrivés à la caleta Miramar, une famille de cygnes à cou noir partage les eaux calmes avec des pélicans, des sternes et des vautours. Sur la terre, ce sont les ibis mandore qui, de leur long bec, attirent l’œil des photographes. Malgré le bruit et l’odeur d’une mer toujours trop polluée, les animaux vivent libres. Libres de poser, libres de narguer les piétons trop pressés, libres de jouer à cache-cache dans les vagues, libres de s’envoler vers l’infini et au-delà.
Été comme l’hiver, l’eau est froide sous ces latitudes. Pourtant, sous chaque rayon de soleil se prélasse un Chilien courageux qui n’a pas peur de voir bleuir ses orteils. Sur les plages, ici comme ailleurs, les enfants jouent, les adultes rient. Ici, peut-être plus qu’ailleurs, sur les plages, on mange de tout, de la pizza au beignet en passant par des glaces qui fondent toujours trop vite. Ici, sûrement plus qu’ailleurs, les jeunes se rient de la loi en buvant bières et du melon au vin les pieds dans le sable.
Vers les hauteurs, ce sont les miradors qui enchantent. Ici et là, Puerto Montt apparaît sous un nouveau jour. Quel que soit le point de vue découvert par hasard, le Pacifique embrase la vue du touriste rêveur.
Dans les quartiers historiques, ce sont les maisons qui séduisent les photographes amateurs. Malgré les vents et marées, les tuiles d’alerce sont restées intactes sous une peinture parfois craquelée.
Au milieu de ces souvenirs d’un temps sans centre commercial apparaissent de nombreux muraux. Si vous êtes arrivé en bus, vous avez sûrement remarqué la fresque géante à l’entrée de la ville. Tout le long de l’avenue Salvador Allende les artistes de streetart Mottapinta et Pri ont retracé l’histoire de la ville.
Puerto Montt : des alentours verdoyants
Le guide du Routard avait, dans une ancienne édition, affirme que la principale qualité de Puerto Montt était qu’on pouvait en partir facilement (vu la qualité du site web de la ville, on pourrait presque donner raison au Routard !) Alors, c’est bien beau de partir, mais pour aller où ?
Avant de prendre l’avion ou de s’endormir dans un bus destination « le sud », les alentours de Puerto Montt sont autant de pauses inattendues que magnifiques lors d’un voyage aux sentiers parfois trop battus.
Derrière la gare routière, des navettes vont et viennent entre le continent et l’île de Tenglo ($500/personne). Une fois sur l’île, un sentier même à la croix qui brille de mille et une couleurs le soir venu. Vu d’ici, la ville devient presque belle, les tours des centres commerciaux font presque rêver (ou pas). Le sentier poursuit sa route entre les champs, les plages et les arbres de ce petit coin de nature. Sur Tenglo la vie semble s’être écartée pour laisser place au calme. Après quelques heures de marche et de zigzags, on rejoint un nouvel embarcadère d’où partent les navettes pour Puerto Montt.
Pour les plus marins d’entre vous, des petites embarcations proposent de faire le tour de l’île sans mettre pied à terre (environ $3000/personne). Le départ se fait généralement depuis Angelmó.
La région dans laquelle se situe Puerto Montt s’appelle la région des Lacs et ce n’est pas pour rien. D’ailleurs, si vous aimez pêcher, je vous invite à faire un tour au Lago Chapo. Même si je ne suis pas une pro de la pêche, j’ai passé de très bons moments au bord de ce lac. On y trouve des truites arc-en-ciel énormes. Il y a peut-être d’autres poissons dans ce lac, mais ce sont les seuls qui aient bien voulu mordre à mon hameçon !
Sur la route du sud, la vallée de Cochamó est l’une des plus belles de la région. En 4-6 heures de marche, on atteint le camping de La Junta (réservation obligatoire en été). Ni eau courante, ni électricité, juste la beauté des paysages, le chant des oiseaux et l’odeur de la nature. Depuis le camping, des sentiers de randonnées permettent d’atteindre l’Argentine, des piscines naturelles ou encore des miradors sur toute la vallée.
À quelques virages de Cochamó, les eaux turquoise du lac Tagua Tagua invitent à la contemplation et, pour les plus courageux, à la baignade.
Au nord, c’est le lac Todos los Santos qui brille sous les étoiles du soleil d’été. De là, on peut randonner en forêt, voir les chutes de Petrohué (petites, mais vraiment chouettes lorsque les saumons frayent. Entrée $4000/personne pour les étrangers) ou rejoindre le volcan Osorno. En hiver, vous pourrez troquer vos chaussures de rando pour une paire de skis et glisser sur les pistes volcaniques.
Si le budget vous le permet, vous pouvez rejoindre Bariloche en Argentine en traversant une succession de lacs (croisière proposée par Cruce Andino), ou faire un aller-retour jusqu’au petit village de Peulla situé au cœur des Andes (site web pour réserver : TourisTour).
Si vous visitez la région un jour de pluie, vous pourrez toujours profiter de cette douce musique dans les pâtisseries et salons de thé de Puerto Octay, Frutillar et Puerto Varas. Ces villages du lac Llanquihue remontent le temps et nous plongent dans un univers allemand. Les yeux bleus, les cheveux blonds, les kuchen et les chalets de bois nous rappellent qu’au XIXᵉ siècle des Allemands ont quitté leur terre natale pour un nouveau monde. En face du théâtre Diego Rivera de Puerto Montt, un monument remercie les colons allemands d’être venus peupler le sud. Même s’il fait référence aux paysans et non pas aux nazis qui ont fui la paix européenne, j’ai toujours du mal à retenir mon sourire sarcastiquement interrogateur face à ce genre de statue.
C’était l’histoire d’un bout du monde qui voit passer en coup de vent des touristes trop pressés de voir du « beau ». Un bout du monde détesté par les guides touristiques qui ne voient en lui qu’un « petit port sans charme ».
C’était l’histoire de Puerto Montt, cette porte d’entrée de la Patagonie que l’on traverse sans y jeter d’autre regard que celui du touriste déçu de ne pas trouver de clicher instagramable.
C’était l’histoire, cette ville qui a tant à offrir, tant à aimer, tant à faire sourire avant de voir partir au loin les voyageurs curieux.
Si vous avez des questions sur Puerto Montt, ses alentours ou l’expatriation au Chili, laissez-moi un commentaire !
Puerto Montt : infos utiles
- Où dormir ?
- Si vous cherchez une auberge de jeunesse cosy, passez votre route et rendez vous plutôt à Puerto Varas (à 20 min environ de bus de Puerto Montt)
- Près de la gare routière : de nombreux « hospedajes » et « residenciales » se situent près de la gare routière. Ils ne sont pas très chers, mais mieux vaut éviter ce quartier de nuit, surtout si vous voyagez seul.e
- Dans le centre-ville, vous trouverez plusieurs hôtels à partir de 50 €/nuit
- Dans le quartier de Lintz et notamment la rue Regimiento (15-20 minutes à pied du centre-ville) des « hospedajes » louent des chambres pour quelques heures ou une nuit entière
- Où sortir ?
- Les bars et cafés sont dispersés un peu partout en ville. La plupart proposent des concerts du jeudi au samedi soir
- Pour une ambiance rock, je vous conseille le Barra Bass
- Dans la rue Rengifo, vous trouverez de nombreux karaokés et restaurants
- Pour une ambiance Cumbia, le Baradero est immanquable (concert de rythmes latinos tous les mardis soir)
- Les boîtes de nuits et clubs sont du côté de Pelluco
- À voir, à faire en ville :
- En cas de pluie, vous pouvez faire un tour au centre culturel Diego Rivera (expositions gratuites toute l’année, séance gratuite de cinéma allemand le mardi soir et autres événements selon la programmation)
- Le Musée historique de Puerto Montt, situé à côté de la gare routière, ne casse pas trois pattes à un canard, mais vous pouvez y passer en attendant la fin de l’averse ou votre prochain bus
Je ne savais pas que cette petite ville était tant détestée, j’ai appris quelque chose!
Disons que cette ville n’est vraiment pas touristique et que les voyageurs qui s’y arrêtent repartent aussi vite. Sa voisine, Puerto Varas (au bord du lac Llanquihue) est quant à elle beaucoup plus prisée par les touristes. Ce sont deux ambiances différentes et si tu as le temps je pense que ça vaut le coup de découvrir les deux.
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Bonjour Celine,
On te remercie pour les conseils que tu nous a transmis au sujet de Puerto Montt et de la region via Instagram. Le soleil ayant pointé le bout de son nez, nous avons adoré nous poser autour du skate parc en regardant les genres et générations s’y mélanger. Le tout face à la mer et après un petit cinéma, bien sûr 😉
Merci ! C’est tellement rare de lire des commentaires positifs sur Puerto Montt ! 🙂 Je vous souhaite une bonne continuation dans la découverte de ce petit bout du monde.