Comme une envie de partir …
Hier, j’ai eu envie de prendre le large, de partir loin, ou pas. J’ai eu envie de sortir de chez moi et de découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles odeurs. Et puis, j’ai eu envie de partager ce voyage avec Elle.
À quoi bon enrichir une compagnie low cost et faire exploser son bilan carbone lorsqu’on peut s’en mettre plein les mirettes sans quitter la terre ferme ?
Plutôt que de rouler tout droit vers l’aéroport et de transformer une banale envie d’ailleurs en achat compulsif de billet d’avion, j’ai regardé la carte de France. Ou plutôt, j’ai regardé ma région.
J’ai la chance de vivre dans le parc National des Cévennes, au pied du Mont Aigoual. Depuis à peu près un an, je serpente ses chemins de terre et ses sentiers forestiers. Je randonne ici et là sans jamais avoir pris le temps de voir ce qu’il y avait de l’autre côté de la montagne.
… tout en restant « ici »
En quelques clics seulement, j’ai découvert qu’au pied de l’autre versant du Mont Aigoual se trouve les Gorges du Tarn. Et encore mieux : il y a un itinéraire de 65 Km pour une randonnée itinérante tout en douceur.
Quelques grammes de semoule, un bout de pain, deux culottes, une tente et des sacs de couchage et nous voilà en route pour Florac. Nous c’est Elle et moi. Elle, c’est ma mère, celle qui m’accompagne ici et là ; celle qui s’est mise à la randonnée pour passer du temps avec moi pendant mon retour français ; celle qui est venue me voir en Patagonie, en Slovaquie et au Portugal ; celle qui m’a fait que vivre c’est rire, rêver et profiter de chaque instant comme si c’était le dernier. Elle, c’est un petit bout de femme de 60 ans qui n’a jamais fait de randonnée itinérante. Le sentier de randonnée des Gorges du Tarn est idéal pour l’initier aux bonheurs des courbatures, des ampoules et de la fatigue permanente (spoiler : tout s’est bien passé et on n’a rien eu de tout ça).
Florac – Montbrun : 17 Km de goudron
À peine sorties de la maison, nous virevoltons de virage en virage. Dans ces paysages connus, nous montons jusqu’au sommet du Mont Aigoual. Une fois en haut, je découvre sa face cachée, l’autre versant des Cévennes.
En quelques kilomètres seulement, l’architecture change. Les villages traversés ne ressemblent en rien à ceux de mon côté de la montagne. Chaque clocher d’église invite à la découverte, mais nous continuons. Nous roulons moins de deux heures jusqu’à atteindre un parking de Florac. Et oui, c’est depuis le parking de la place au nom de président que l’aventure commence.
Le plan dans les mains, le sourire aux lèvres et l’envie de marcher dans les sabots, nous longeons le Tarn. Nous montons, descendons, montons encore. Il fait chaud et le goudron n’arrange en rien la sensation d’étouffement.
Les kilomètres s’étirent et raccourcissent notre bonne humeur. Jusqu’à Quezac, nous marchons sur la route. Quelques passages en forêt nous font croire que le calvaire asphalté est terminé. Mensonge.
Arrivées à Quezac la fatigue se fait sentir. Le sentier n’a pas été difficile, mais le bitume a usé nos sourires. Face à la dernière maison du village, nous décidons de continuer encore un peu, jusqu’au plat. Mais du plat, il n’y en a pas beaucoup entre Quezac et Montbrun.
Pour nos derniers kilomètres de la journée, nous marchons en forêt. Les paysages ne sont pas si différents que ça de notre côté de la montagne et le Tarn peine à se laisser entrevoir. Plus je marche et plus, je me demande si j’ai bien fait d’embarquer ma mère dans cette randonnée d’arbres et de goudron.
Une dernière côte, une dernière descente et le voilà enfin : le Tarn. Une famille de passage nous propose de planter la tente dans leur terrain. Ce soir, nous nous laverons dans les eaux chaudes du fleuve. Le sourire revient et c’est le cœur gonflé du bonheur d’être ensemble, dans l’eau, que nous oublions cette journée de route et d’ennui pour les yeux.
Montbrum – Sainte Enimie : 10,5 Km de wahou
Un dernier regard sur le pont de Montbrun et nous reprenons la route. La moitié de la journée se fera, encore une fois, sur du goudron. Les montées et les descentes se font et se défont dans la bonne humeur.
La promesse d’un café au camping de Castelbouc nous fait battre des records de vitesse. Une boisson chaude, des petits biscuits et une vue sur le Tarn : la pause de 10 h fait toujours son petit effet sur les marcheurs (surtout quand on la fait à 9 h). Les papilles pleines de sucre, nous partons explorer le petit village de Castelbouc. Dans le dédale des rues en pierre raisonne les cris des enfants des temps passés. Taillées dans la roche, les maisons invitent à une partie de cache-cache. Le temps s’étire et s’arrête. On aurait envie de rester là encore quelques décennies pour profiter de chaque seconde éternelle.
Pourtant, le chemin nous appelle. Le long du Tarn nous avançons sur un sentier de sable et de terre. Nous arrivons à Ste Enimie en début d’après-midi. La chaleur est telle que nous décidons de faire la pause de 15 h à 13 h et de s’arrêter là pour la journée.
Sur le Tarn des rires s’envolent des canoës. Un regard complice et la décision est prise : demain, nos rires aussi raisonneront sur les eaux du fleuve. Demain, nous continuerons la randonnée sur l’eau !
Sainte Enimie – Pas de Soucy : 24 Km de canoë
Je ne sais pas s’il s’agit d’une qualité ou d’un défaut, mais mon optimisme me donne des ailes. Cela fait au moins 7 ans que je n’ai pas navigué en canoë, mais lorsque je regarde les différents parcours, je n’hésite pas une seconde : on choisit le plus long !
Au programme de la journée : 24 Km de canoë au cœur des Gorges du Tarn. 24 Km de rires, de baignade, de « pas cette droite, l’autre droite », de « j’ai dit à gauche ? Je me suis trompée, c’était à droite », de « Maman, arrête de pagayer aussi fort à droite, on tourne en rond ». Bref, 24 Km de pur bonheur à profiter de la chaleur du soleil, des plages désertes, de l’eau rafraîchissante et des paysages ponctués de « wahou » et d’un sentiment de liberté absolue.
Alterner la marche et le canoë nous a permis de découvrir une autre facette des Gorges du Tarn. Depuis le fleuve, nous avons écarquillé grand les yeux en passant sous le pont de Saint-Chély-du-Tarn, nous avons gobé des mouches à garder la bouche grande ouverte sous le village de Hautesrives, nous avons nagé dans 50 nuances de verts. Et puis, alterner marche et pagaie, nous a aussi permis d’avoir des biscottos aux bras et aux jambes pour garder nos proportions idéales de marcheuses du dimanche.
Les Vignes – Le Rozier : 12 Km de fin
Le réveil s’est fait sur une odeur de fin. Le chemin qui nous reste à parcourir est court. En une demi-journée à peine, nous aurons rejoint Le Rozier, étape finale du sentier des Gorges du Tarn.
Pour profiter de chaque instant, nous prenons notre temps. Nous étirons nos pas à la vitesse de la lenteur et nous avançons en silence.
Parenthèse de bonheur sportif dans notre quotidien cévenole, cette randonnée s’achève sur des goûts de causse. Nous longeons le Tarn depuis le sentier du Causse Méjean. Les hauteurs dégagées nous offre des points de vue sur ces eaux que nous avons naviguées la veille. La randonnée prend des airs différents, nouveaux.
Petit à petit, le bilan de cette randonnée itinérante dans les Gorges du Tarn se dessine dans mes souvenirs encore chauds. Si c’était à refaire, je repartirais avec Elle. Si c’était à refaire, je roulerais jusqu’à Castelbouc afin d’éviter les kilomètres d’asphalte. Si c’était à refaire … je le referais sûrement. Bientôt.
Hier, j’ai eu envie de prendre le large.
Aujourd’hui, je rentre chez moi, heureuse d’avoir découvert un petit coin de paradis à 80 Km à peine de mon village.
Aujourd’hui, je regarde la carte de France et me dis que je suis bien chanceuse d’habiter dans ce pays aux mille facettes.
Randonnée des Gorges du Tarn : infos pratiques
Le sentier des Gorges du Tarn
- Itinéraire de 65 Km environ
- le Sentier officiel part de Florac MAIS de Florac à Quezac puis de Montbrun à Castelbouc il y a beaucoup de goudron
- Conseil : commencer la randonnée des Gorges du Tarn au village de Castelbouc
- Possibilité d’alterner marche et canoë (informations sur le canoë un peu plus bas)
- Toutes les informations, étape par étape, sont sur le site des Gorges du Tarn
- Quand partir ? Le sentier est idéal du printemps à l’automne (Attention aux crues. Renseignez-vous auprès de l’Office du Tourisme). Si vous optez pour une journée de canoë, évitez la fin de l’été : le Tarn risque d’avoir peu d’eau et la sortie pourrait décourager même les plus motivés
- Comment y aller ? Une navette circule tout l’été entre Millau et Florac
Où dormir lors de la randonnée des Gorges du Tarn?
- Camping : il y en a dans chaque village. Les prix vont de 16 € à 31 € / nuit pour 2 personnes + tente (avec ou sans véhicule)
- Bivouac : il est possible de bivouaquer dans certaines zones du sentier. Bien faire attention aux interdictions. Pour tout savoir sur la réglementation du bivouac en France : « Le guide complet de la réglementation du bivouac et du camping sauvage en France » par Les Others
- Hôtels, chambres d’hôtes et gîtes dans la plupart des villages. En haute-saison, il est conseillé de réserver avant votre séjour
Où manger dans les Gorges du Tarn ?
- Emplettes : il y a un supermarché à Florac et une petite épicerie à Sante Enimie. La plupart des villages ont une boulangerie. Possibilité d’acheter du pain, des biscuits ou autre dans la plupart des campings
- Il est interdit de faire du feu dans le parc des Cévennes (de nombreux panneaux sont là pour signaler les zones du parc)
- De nombreux restaurants tout le long du parcours (dans les campings et villages)
Faire du canoë sur le Tarn
- Possibilité de faire du canoë depuis tous -ou presque – les villages et campings du chemin
- Tarifs (depuis Ste Enimie) :
- demi-journée (6-13 Km) : entre 15 et 21 €/personne environ
- journée (12-24 Km) : entre 20 et 27 €/personne environ
- deux jours (24-38 Km) : entre 38 et 40 €/personne environ
- possibilité de faire des parcours de 3, 4 ou 5 jours
Trucs et astuces pour une randonnée réussie
- Pour être sûr de ne pas manquer d’eau, pensez à la gourde filtrante
- Les poissons n’ont pas besoin de shampoings pour faire briller leurs écailles. Mieux vaut éviter d’utiliser des produits chimiques si vous vous lavez en rivière
- Les Gorges du Tarn n’emploient pas d’éboueurs. Normal, il n’y a pas de poubelle sur le chemin. Pour vos déchets (même le papier toilette !), pensez à emporter un petit sac que vous jetterez une fois de retour en ville
- Ceux qui n’ont pas eu le plaisir de lire mon article ne savent pas qu’il n’y a ni poubelle ni éboueurs sur le sentier. Ils jettent donc leurs mégots et plastiques par terre. Si tu les croises ou voient des déchets sur ta route, tu peux :
leur casser les dents- leur expliquer que la nature n’est pas une poubelle
- ramasser les mégots et plastiques
- conseiller aux marcheurs de lire cet article
Ping : Voyager en France : bilan d'un été en Hexagone - Voyages d'une Plume
Qu’est-ce que c’est joli ! 🙂
Merci pour la balade 🙂
Merci beaucoup pour ton commentaire 🙂
Bonjour, j’aimerais faire exactement ce trajet mais j’aurais aimé savoir si le bivouac était autorisé sur cette portion ? Je me suis renseigné sur pleins pleins de sites différents mais je ne m’y retrouve pas vraiment 🤔 merciiii
Je n’ai pas de réponse fiable à 100% à donner. Il semblerait que le bivouac soit interdit officiellement mais toléré, en fonction des habitants ou des policiers. Nous, nous avons bivouaqué sans faire de feu et en laissant l’endroit encore plus propre qu’à notre arrivée. Au pire, il y a pas mal de campings sur ce bout de côte. Bon voyage ! 😃
Bonjour,
ces sentiers traverses pour la plus part le parc national des Cévennes, le bivouac y est interdit et encore plus les feux, cependant il y a de nombreux petit camping a chaque village étape la plus part ce trouvent au bord du Tarn.
Bonjour,
Je ne comprends pas vraiment le commentaire. Dans l’article il est écrit : « Il est possible de bivouaquer dans certaines zones du sentier. Bien faire attention aux interdictions. » puis « Il est interdit de faire du feu dans le parc des Cévennes ».
Bonne soirée 🙂
Super article. Continue Céline
Merci beaucoup 🙂