Du voyage à l’expatriation

« La vie ce n’est pas seulement respirer. c’est aussi avoir le souffle coupé »
(Alfred Hitchcock)

Un destin écrit à la main

Tout était prêt : le billet d’avion sans retour ; la carte du continent étalé sur le plancher de ma chambre provisoire ; un marqueur pour sourire aux automobilistes et mon itinéraire résumé en deux mots « Terre de Feu -> Alaska ».

Rien n’était vraiment prêt : je ne m’étais renseignée ni sur les conditions d’entrée des pays à traverser,  ni sur les vaccins obligatoires et encore moins sur les routes à suivre. Mon itinéraire, résumé en deux mots, pouvait tout aussi bien me faire passer par le Paraguay, le Surinam ou Trinité et Tobago.

Sans programme ni impératifs, je dessinais mon projet sur une succession de surprises et de (mes)aventures.

Traverser le(s) continent(s) américain(s) en stop, solo et sac-à-dos.  Un rêve, un titre de livre, des articles de blog en promesses, une folie, une vie … La grande classe quoi !

Genèse : un retour et départ

Santiago du Chili, 29 août 2016. 
A la fois retour et départ, mes pieds connaissent l’aéroport comme leur poche. Une étrange sensation de retour au pays m’envahit et, sans même m’en rendre compte je sors de la ville pour découvrir, enfin, le Cajon del Maipo. Après quelques randonnées à couper mon souffle asthmatique, mes souvenirs s’entêtent et me répètent sans cesse mon envie d’y retourner, de le revoir, de sourire à son Pacifique, de m’asseoir sur ses marches.
Mes souvenirs me sourient et, malgré la beauté des Andes je ne vois que lui, ce petit port sans charme où j’ai vécu, aimé, pleuré, ri et travaillé … Puerto Montt.

Vue sur Puerto Montt depuis Tenglo, Chili

Exode : le retour en terre aimée

Je savais qu’en y retournant je prenais un risque, celui de vouloir y vivre, aimer, pleurer, rire et travailler de nouveau. Je savais que Puerto Montt pouvait être le début de la fin d’un rêve, la fin d’un début de voyage.  Je savais et pourtant j’y suis retournée …

En quelques secondes la fête nationale est arrivée avec son lot d’empanadas, de mote con huesillo et de terremotos. Sans crier gare les jours ont commencé à rallonger le vent du sud, les dauphins austraux  m’ont accompagnée lors de mes ventes ambulantes et l’été s’est installé. De concerts en concerts j’ai troqué mon tablier de pâtissière improvisée pour un ordinateur de productrice. Lancement de disque, interview, passages radio et show télévisé … la magie de Puerto Montt m’a envoûtée, et ma demande visa était lancée, une fois de plus …

Cantique : une carrière en musique

Cumbia, rock et reggae, presse et réseaux sociaux, décentralisation et démocratisation culturelle … ma vie de baroudeuse s’est laissée emporter dans le courant musical, sédentaire…
Depuis mon retour au Chili, je vis de voyages auditifs. Le temps consacré à l’écriture se limite aux fins de soirées, dans des bars patagons où, pendant que l’équipe démonte une batterie, je griffonne quelques pages de poésie.

Il y a quelques mois encore je me rêvais nomade, aujourd’hui, je commence une routine d’imprévus locaux. Il y a quelques mois je rêvais de lenteur, de surprises et d’imprévus, aujourd’hui  mon cœur bat un rythme chilien, envoûtant, surprenant, imprévisible.
Sans renoncer à mon rêve de traversée du (des) continent(s), je le glisse entre des parenthèses éphémères.  Je sais que je reprendrai la route, dans un mois, un an, demain…

Vue panoramique du lac Tagua Tagua, Chili

Fin : histoire à suivre

Sans programme ni impératifs, mon projet s’est dessiné sur une folle aventure musicalement sédentaire, sédentairement temporaire.

Tout était prêt : mes amis, mes inconnus, mon petit port sans charme et leurs sourires embrassant.

Rien n’était prêt : ni mon carton « Terre de Feu -> Alaska », ni cette idée folle de retenter l’aventure chilienne, et encore moins ce voyage transformé en expatriation.

Et toi lecteur, as-tu déjà transformé un voyage en expatriation ? As-tu déjà changé ton itinéraire pour un coup de cœur ?

Vue panoramique, route vallée de Cochamo, Chili

11 réflexions sur “Du voyage à l’expatriation”

    1. Comment ne pas être heureuse quand on vit son rêve?!
      Même si mes projets changent au jour le jour je me régale de toutes ces découvertes et rencontres qui me feront rester en Amérique certainement plus de temps de prévu!

      Merci pour ce commentaire. Je vous embrasse 🙂

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