Dix ans de voyages, cinq ans d’études et 18 mois au Chili pour reprendre la route, une fois de plus.
Travailler sur la route
Cette fois-ci c’est armée d’une boîte remplie de moelleux au chocolat que j’arpente les quatre plateaux de Puerto Montt. De bureau en bureau, d’immeubles en immeubles je monte et descends des centaines de marches dans l’espoir de vendre quelques gâteaux, histoire de survivre comme bon nombre de Chiliens.
Encore un choix de vie très … célinesque dirons nous.
Au lieu de m’enfermer 9 heures par jour dans un bureau, au lieu de passer mes journées à regarder un ordinateur, au lieu d’écouter des chefs haineux critiquer l’ensemble de leurs employés, j’ai décidé de déambuler dans les rues, sentir le vent du sud fouetter mes joues, regarder les dauphins au loin, rencontrer des fonctionnaires qui ne comprennent pas comment quelqu’un du Premier Monde, comme ils disent, a pu tout quitter pour s’enterrer dans un pays du Tiers Monde. J’ai décider de débattre avec ces mêmes fonctionnaires sur le sens de « Premier » et « Tiers » Monde, me faire embrasser par une dame qui a appelé sa fille Céline et dont le mari fait aussi des petits moelleux, parler de vin avec des profs espagnols, voir le sourire sur les lèvres de mes amis lorsque je leur offre les invendus, écouter Maria Callas pendant que je cuisine et tente de nouvelles recettes …
Travailler moins pour gagner des sourires
Oui, c’est vrai, je ne gagne pas bien ma vie mais le sourire que m’offrent les gens lorsqu’ils goûtent mes gâteaux me rend folle de joie. Et puis, si je calcule bien, je gagne beaucoup plus que le SMIC horaire et ce, en faisant quelque chose que j’adore ! Et si en plus de bien calculer, je réfléchis bien à la situation alors je gagne beaucoup, beaucoup plus que de l’argent : je gagne en liberté, en plaisir, en prise de risques, en audace, en rencontres, en trac, en « mieux vivre ».
Travailler suffisamment pour rêver de mots et de lettres
Je sais, un jour ou l’autre il faudra bien que je trouve un emploi plus stable si je compte battre d’autres pavés que ceux du Nord du Sud mais, pour l’instant aucun chèque aussi millionnaire soit-il ne saura acheter mon bonheur de pâtissière itinérante. En plus de ces petits plaisirs olfactifs et culinaires, humains et musicaux, j’ai suivi les conseils de certaines oreilles et je me lance dans les concours littéraires (mon premier texte très très court sur le site Short Edition).
En attendant mon visa (que j’espère avoir avant mon prochain départ histoire ne pas m’être mariée pour le vent), je profite tranquillement de cet hiver plutôt sec.
Comme toujours, aucune routine n’a pris possession de ma vie et les projets fusent comme des lucioles dans mon petit cœur de voyageuse.
Et toi lecteur, comment fais-tu pour remplir ton compte en banque lorsque tu voyage au long cours ?
Merci pr cette belle écriture !
En tant que pâtissière aussi, je comprend le plaisir qu’on a à donner de la joie aux gens! Merci pour ce beau billet! Tu es une inspiration pour moi par ta débrouillardise!
Et la recette de ces fameux moelleux au chocolat alors ???
😉
De la farine, des oeufs, du beurre, du sucre, du chocolat et un ingrédient secret, voilà la recette 😉
Après il y avait des variantes avec deux chocolats, de la confiture de lait, de la mente, du basilic, de l’orange, des confiture de fruits… Bref, rien de bien sorcier en France mais au Chili ça faisait un tabac.