Expatriation chilienne

Parfois le silence nous semble indispensable afin d’apprendre, de réapprendre à parler, à écrire, à rêver.

Taire son besoin de rentrer en France ; taire les raisons d’un retour précipité ; taire son passage aux quatre coins du pays ; taire ses retrouvailles ; taire son départ mais prendre le temps d’écrire pour raconter son expatriation au Chili

Un départ au goût de retour

Après deux mois passés en France, à pleurer des « bonjour » pour mieux sourire des « au revoir », me voici de retour à Puerto Montt, Chili.
Je suis partie avec en poche un visa touristique et un compte en banque vide. Je suis partie sans aucune opportunité professionnelle dans mon domaine ni pas de billet « retour » et encore moins les moyens d’en acheter un. Mais, je suis partie le cœur plein de cette curiosité intarissable, cette soif de folie et cette folle envie de ne rien faire comme tout le monde.

Pacifique vu du ciel, région de Los Lagos, Chili

Un nouveau voyage : l’expatriation

Après une dizaine d’années à voyager plus ou moins longtemps, j’ai enfin décidé de franchir un nouveau cap : l’expatriation.

Pour certains s’expatrier c’est voyager.
Pour moi, s’expatrier c’est justement le contraire. C’est poser ses valises pour noyer ses yeux dans le Pacifique, c’est prendre l’habitude de ne pas avoir de routine, c’est savoir marcher entre les gouttes de pluie, c’est découvrir le silence de paysages lagunaires.
S’expatrier c’est ressentir la petite angoisse pré-présentation lorsque l’on va pêcher avec certains parents, c’est adopter la culture de l’autre en lui offrant le meilleur de la sienne, c’est pouvoir indiquer sa route au seul touriste capable de se perdre dans une ville minuscule, c’est se rappeler de tous les bons moments que vous m’avez offert lors de mon « retour ».
S’expatrier c’est aussi amadouer le facteur pour qu’il pense à déposer le courrier au lieu de le renvoyer en France, c’est se demander si l’on ressemble à une vielle femme enceinte lorsque qu’un jeune nous cède sa place dans le bus puis découvrir qu’au Chili les jeunes laissent leur place de bus plus facilement aux filles qu’ils trouvent charmantes plutôt qu’aux vielles.
S’expatrier c’est se décider à écrire pour soi, pour les autres. C’est rêver de voyages

Océan Pacifique vu du ciel, région des Lacs, Chili

Un nouveau défi sans date de péremption

Après quelques heures passées à chercher les mots pour écrire cet article je réalise enfin que j’ai quitté la France en y laissant un bout de mon cœur. Je comprends que je vais devoir apprendre à allumer le poêle à bois sans m’étouffer et que tous les jours je pourrai voir des dauphins sauter sur les Andes. Avec cette expatriation je ne serai plus la Française de passage mais bien la « Francomonttine » de Lintz …

Dans quelques mois je laisserai peut-être des mots s’envoler pour expliquer mon besoin de bouger, de voyager, de me perdre dans la jungle encore une fois. Peut-être que mes pieds me demanderont de nager dans un lac gelé, de convaincre un chauffeur de bus de s’arrêter car j’ai dépassé mon arrêt de plusieurs dizaines de kilomètres, de raconter ma vie à un taxi. Peut-être que mes rêves me pousseront vers ailleurs pour manger des fourmis et de boire des alcools infâmes. Mais, pour l’instant, je rêve simplement de fermer les yeux dans mon nouveau chez moi chilien

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